dimanche 15 mars 2015

Luxifer - pourquoi le luxe nous possède, Nicolas Chemla

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Un essai intéressant mais qui à mon sens ne va pas assez loin dans l’analyse

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Quatrième de couverture :
Le Luxe semble avoir pris possession de la planète : d’une santé éclatante malgré la crise, de New York à Shanghai, il dicte nos rêves, sculpte nos corps, lisse nos peaux, redessine nos villes. Pour des millions d’individus, il définit le rêve ultime. Il a ses temples, ses messes, ses gourous, ses prêtres(ses), ses croisés - tout travaille à convertir nos âmes à sa nouvelle religion. Et si l’on retrouvait derrière ce phénomène l’avènement d’un esprit luciférien ? Non pas le Diable rouge, épouvantail d’une idéologie bigote, mais, en revenant aux sources mêmes de ce qu’il incarne, Lucifer comme principe de liberté, de rupture et de création.


Ces 145 pages sont vives et précises. Le grand défaut des essais est souvent de perdre le lecteur : entre exemples, références, paraphrases et réflexions de l’auteur, on a parfois du mal à voir la progression de la pensée et à comprendre la thèse du livre. Ici, l’auteur ne tombe pas dans ce travers. La progression est claire, l’argumentation efficace.

Ce que je lui reproche plutôt, c’est de nous servir une thèse finalement assez peu novatrice. A grand renfort d’exemples aussi variés (de Lady Gaga à Harley Davidson) que parfois étranges (le château gothique comme parangon du luxe), la thèse selon laquelle le luxe est intrinsèquement porteur de rupture, qu’il « échappe à la raison » révolutionne assez peu la vision classique. Le luxe est dans son essence « conçu pour exclure », certes, pas besoin de 150 pages pour le démontrer.

J’ai trouvé au contraire que l’auteur commençait à devenir intéressant quand, dans sa conclusion, il bouleverse l’ordre de son essai en introduisant les concepts en vogue d’un « luxe propre, d’un luxe « vert » et vertueux, respectueux des hommes et de leur environnement » qui se fonde notamment sur l’engagement de personnalités dans le vent. De même, je trouve qu’il ne répond pas vraiment à la question du sous-titre, « pourquoi le luxe nous possède », j’attendais de l’analyse psychologique, comment le luxe nous manipule, nous attire et nous fait revenir.

PS : Editeur, si tu me lis, il y a une erreur d'impression entre les pages 48 et 49, il a l'air de manquer une page.

Merci à Babelio et aux Editions Séguier de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre de la dernière Masse Critique.



Au fil des pages :

"Jusqu'alors encadré par les lois religieuses et royales, le luxe était faste, et se trouvait "justifié" par le maintien d'un ordre commun, une logique de "management" des foules et de maintien du pouvoir. Libère de ces anciennes fondations, le luxe en tant que tel éclate au grand jour, révèle sa folie et sa grandeur, et pose problème."

"Ainsi le luxe au premier abord est une manifestation de la raison capitaliste - l'épanouissement d'une industrie, le développement d'une demande, la valorisation d'un travail ou de la rareté. Mais il se révèle très vite l'expression de son dérèglement, d'une déraison qui paraît inhérente à son fonctionnement. [...] Déraison en ce qu'il échappe de toute évidence a sa logique rationnelle, déraison aussi en ce qu'il reflète ses excès, comme s'il était le moment où le capitalisme bienfaisant déraille."

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